RAPPORT ANNUEL 2018
Les thèmes
Réponse à l’urgence, réponse au vieillissement:
Quel rôle pour le généraliste?
Dans la réponse à l’urgence comme dans le traitement des situations complexes liées au grand vieillissement, les médecins de famille sont en première ligne.
Nous avons demandé au Dr Olivier Bettens, médecin généraliste et président du Réseau Santé Nord Broye, quel regard il porte sur leur rôle actuel et futur.
Les chiffres sont connus: un tiers des urgences pourraient être traitées par la médecine générale; plus de 20% des hospitalisations pourraient être évitées. En outre, entre 2010 et 2017, les consultations aux urgences d’Yverdon ont augmenté de 41%. Qu’apporte la nouvelle Permanence du PRS dans ce contexte et quel rôle y joueront les médecins de premier recours?
La Permanence du PRS installée aux eHnv joue un rôle clé dans la réponse à l’urgence en instituant, sur place, une collaboration étroite entre médecins de premier recours, médecins hospitaliers et équipes mobiles infirmières. L’idée est d’attirer des médecins installés en un point stratégique – l’hôpital –, à la fois pour trier et prendre en charge les urgences non vitales et pour former les médecins assistants actifs dans la structure. Cette Permanence inaugure donc une méthode inédite de supervision des médecins en formation à l’hôpital par des médecins «traditionnels».
C’est donc une sorte de «micro-PMU»?
Cela pourra le devenir à terme. Mais à la différence de la PMU, ici ce seront directement les médecins installés qui formeront les médecins assistants. C’est un peu le modèle de la permanence du Flon à Lausanne. Il y a d’autres modèles possibles: des structures médicales ayant les reins assez solides pour assurer un service d’urgence comme par exemple à Vidy-Med; mais pour que cela fonctionne il faut réunir un nombre important de praticiens et cela ne peut se faire que dans les grandes agglomérations. Le système mis en place à Yverdon est adapté à l’échelle de notre région, qui dispose en outre de deux permanences de cabinets de groupe à Cossonay et à Orbe, dans lesquels des médecins généralistes forment déjà des médecins assistants.
On évoque souvent l’augmentation des situations lourdes et complexes liées au grand vieillissement. Or c’est la vocation de la gériatrie de traiter cette complexité qui augmente avec l’âge. Comment vont se répartir les rôles entre médecins généralistes et gériatres? Ces derniers sont-ils assez nombreux?
Ce ne sont pas les spécialistes qui manquent – il y en a plutôt assez. Ce qui manque et ne devrait pas manquer, ce sont des généralistes bien formés à la complexité des problématiques de l’âge avancé. Il ne faut pas imaginer que le gériatre, c’est un «pédiatre pour les vieux». Le gériatre est considéré comme un spécialiste de deuxième ligne pour les problèmes liés à l’âge. Il y a bien un «gériatre de première ligne», c’est le médecin généraliste dont une bonne partie de la patientèle est constituée de personnes âgées… Dans le Nord, il y aura à disposition une consultation spécialisée de gériatrie dépendant du Réseau Santé Nord Broye. A terme, une petite équipe devrait suffire à couvrir les besoins dans notre région, étant entendu que tous les soins de première ligne, y compris à domicile ou dans les EMS, devraient être donnés par des médecins internistes généraux.
Ces derniers sont-ils suffisamment formés pour cela?
Dans tous nos hôpitaux universitaires, il y a des chaires de gériatrie, de soins palliatifs gériatriques, de psychiatrie gériatrique. Les étudiants sont donc sensibilisés à ces problématiques – aujourd’hui sans doute davantage que lorsque j’ai fait mes études. Dans la formation continue, les médecins assistants sont chaudement poussés à se former dans des endroits comme le Centre de gériatrie du Nord vaudois qui accueille en permanence un médecin assistant se perfectionnant dans ce domaine. Le jour où cet assistant s’installera en cabinet, il aura un bagage gériatrique qu’il pourra utiliser et qu’il développera au fil des années – quand un médecin généraliste avance en âge, sa patientèle vieillit aussi avec lui.